La Légende du Dullahan

Le Dullahan est également désigné comme le cavalier sans tête mythologique, et il est considéré comme l’incarnation du dieu celtique Crom Dubh. Son récit met en scène un chevalier sans tête qui parcourt les contrées d’Irlande à la recherche de victimes dont il souhaite prendre la vie.

Le Dullahan de la mythologie celtique

Le Dullahan figure parmi les histoires les plus célèbres de la mythologie irlandaise, et ce mythe est devenu très populaire avec le temps. Progressivement, le cavalier sans tête est aussi devenu un protagoniste majeur dans la mythologie de nombreuses autres cultures, ainsi que dans de multiples récits d’horreur contemporains.

Il se caractérise surtout par son absence de tête, et plusieurs légendes s’accordent à expliquer comment il l’a perdue. Selon l’une d’entre elles, il aurait été un soldat dans une vie antérieure et aurait été décapité lors d’une bataille, le condamnant à parcourir éternellement le monde à la recherche de sa tête perdue.

Toutefois, d’autres versions suggèrent qu’il possède déjà sa tête mais qu’il chevauche pour des desseins plus sombres. On raconte qu’ayant de la rancœur envers sa propre mort, il s’emploie à récolter de nouvelles âmes pour l’accompagner dans l’au-delà.

L’apparence du Dullahan

Le Dullahan est souvent représenté monté sur un grand cheval noir sans tête, ou bien installé sur une calèche sombre tirée par six chevaux noirs. On dit que la course effrénée de ces chevaux est si violente que des étincelles de feu jaillissent de leurs naseaux et de leurs sabots lorsqu’ils frappent le sol.

Certains affirment qu’il conduit un attelage composé de cercueils, de pierres tombales et d’ossements, symbole de son dessein malveillant de faucher des vies innocentes. Il porte une longue cape noire qui flotte derrière lui tandis qu’il sillonne la contrée, et il brandit parfois sa tête tranchée bien haut dans les airs, à l’affût des âmes qu’il projette de prendre.

La vision de cette tête est épouvantable : elle est couverte de chair en décomposition, dégageant une âcre odeur de fromage avarié, tandis que son teint rappelle celui d’une pâte rance. Sa bouche est fendue en un rictus effrayant, tant il semble éprouver une sinistre satisfaction à ôter la vie à autrui. Ses yeux, habités d’un feu maléfique, scrutent inlassablement l’environnement à la recherche de nouvelles victimes.

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Restez à l’écart du chemin du Dullahan

Nulle porte verrouillée ne lui résiste : à son approche, elles s’ouvrent d’elles-mêmes afin de laisser passer le Dullahan. Lorsque la nuit tombe et qu’il parcourt villes et villages, chacun se tapit derrière ses rideaux pour éviter de le regarder en face, sous peine d’être immédiatement rendu aveugle.

En effet, il aveugle ceux qui l’aperçoivent en leur arrachant les yeux avec un fouet confectionné à partir d’une colonne vertébrale humaine, ou en leur projetant un seau de sang dans les yeux. Il ne peut prononcer de mots qu’une seule fois durant son périple, afin d’énoncer le nom de la personne dont il réclame la mort.

Dès qu’il prononce ce nom, l’âme de la victime est irrémédiablement appelée vers la mort, sans qu’il soit possible de se soustraire à ce funeste destin. Le Dullahan opère ainsi lorsque son chemin s’interrompt : il s’arrête, déclame le nom de sa proie, et celle-ci périt.

Protection dorée après le coucher du soleil

On raconte que le Dullahan se manifeste après le coucher du soleil lors de certaines fêtes ou festivals. C’est à cette occasion que la population sait qu’il vaut mieux se montrer prudente et éviter de se déplacer dehors après la tombée de la nuit.

La seule chose capable de l’effrayer est un métal précieux. Si on en jette devant lui sur la route, lui et ses chevaux s’immobilisent soudain et prennent la fuite. À l’époque où l’histoire du Dullahan circulait avec ferveur en Irlande, de nombreuses familles possédaient de l’or et se voyaient conseiller de l’utiliser pour le faire reculer s’il franchissait leur porte.

Sacrifices au dieu celte de la fertilité – Crom Dubh

Il est admis que cette apparition du cavalier sans tête est devenue la forme incarnée de l’antique dieu celte de la fertilité, Crom Dubh. Le roi Tighermas, qui régna jadis sur l’Irlande à une époque où l’on sacrifiait volontiers des vies humaines aux dieux, vénérait Crom Dubh.

Celui-ci réclamait annuellement des sacrifices humains, en exigeant que l’on décapite les victimes. Au VIe siècle, avec l’arrivée du christianisme en Irlande, ces pratiques ont été fermement condamnées. Elles ont fini par disparaître alors que la religion chrétienne s’imposait de plus en plus.

C’est durant cette période que l’histoire du Dullahan s’est enracinée dans la culture, car on prétendait que Crom Dubh adoptait ce nouveau corps pour continuer à recevoir les âmes qu’il réclamait autrefois.

Le Dullahan dans d’autres cultures

Le mythe du Dullahan s’est transformé, passant de la figure humaine de Crom Dubh à diverses représentations du cavalier sans tête dans différentes traditions. Aux États-Unis, la légende de Sleepy Hollow est directement inspirée de ce folklore irlandais : elle raconte le destin d’un soldat décapité pendant la révolution américaine, qui ressurgit à Halloween pour retrouver sa tête perdue.

On retrouve également ce personnage dans un nombre de récits allemands, notamment ceux des frères Grimm. D’autres contes allemands évoquent un cavalier sans tête faisant résonner une corne pour mettre en garde les chasseurs et leur signifier que s’ils montent à cheval ce jour-là, ils trouveront la mort.

Aujourd’hui, le Dullahan est largement popularisé comme un antagoniste dans de nombreux jeux vidéo et fictions fantastiques. Ainsi, cette légende irlandaise, sans doute l’une des plus largement représentées, continuera de perdurer durant de longues années.